Un rapport épingle les incertitudes budgétaires de l'EPR de Flamanville

La commission d’enquête parlementaire sur le coût de la filière nucléaire a pointé«un certain nombre d’incertitudes» et a exprimé sa «préoccupation» sur l’évolution des coûts de la filière en France, dans un rapport remis mardi au président de l’Assemblée nationale.

Le rapport présenté par la commission, présidée par le député (PS) François Brottes, met en avant les difficultés d’évaluation des coûts de production de l’électricité issue des réacteurs de troisième génération, dont l’EPR en construction à Flamanville (Manche), tout comme ceux du démantèlement des centrales ou encore du traitement des déchets. Elle constate, rejoignant ainsi le rapport de la Cour des comptes publié le 27 mai, «l’incapacité à évaluer le coût du kWh qui sera produit à Flamanville» pour «s’étonner que ces difficultés aient été à ce point sous-estimées»lors de la décision de construire ce réacteur.

Le rapport note également les cas de «sous-évaluation des devis» concernant le démantèlement en cours d’une trentaine d’installations nucléaires désaffectées ou encore un coût qui «varie du simple au double» pour le projet Cigeo d’enfouissement profond des déchets les plus radioactifs à Bure (Meuse). La commission plaide sur ce point pour un «plan B», en développant la recherche sur l’entreposage à faible profondeur et estime que «la décision finale devrait revenir au Parlement».

Le rapport appelle aussi les pouvoirs publics à se prononcer sur la question de la prolongation de la durée de vie des 58 réacteurs français, aujourd’hui fixée à 40 ans, estimant que la loi sur la transition énergétique, dont Ségolène Royal, ministre de l’Écologie et de l’Énergie, doit annoncer les grandes lignes mercredi, «en est évidemment l’occasion». Alors que le pdg d’EDF, Henri Proglio, a dit souhaiter un allongement jusqu’à 50 ans, la commission avance une «voie intermédiaire» avec«des durées de vie différenciées en fonction des réacteurs», prenant en compte«l’absence de connaissance précise des contraintes de sûreté» liée à une prolongation.

La commission ne se prononce pas en revanche sur la pertinence ou non de la fermeture de la centrale de Fessenheim, annoncée d’ici 2016 par le président de la République, mais a pointé le «besoin impérieux de dialogue» et la nécessité d’un cadre juridique adapté, de garanties en matière d’approvisionnement électrique du territoire et accompagnement économique. Ce rapport de plus de 200 pages, adopté jeudi lors d’une réunion à huis clos, suscite déjà des oppositions puisque dans une contribution séparée les députés UMP affirment «ne pas cautionner» ces travaux qu’ils dénoncent comme «un manifeste anti-nucléaire» et «un document militant».

AFP

http://www.liberation.fr/societe/2014/06/10/un-rapport-epingle-les-incertitudes-budgetaires-de-l-epr-de-flamanville_1037445